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Le monde que nous partageons : à la rencontre de Saico du Sénégal

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Le monde que nous partageons : à la rencontre de Saico du Sénégal

3 mai 20246 min read

Lorsque Saico avait quatre ans, sa mère a dû le laisser derrière elle en Guinée-Bissau pour s’occuper d’un problème familial au Sénégal. Deux ans plus tard, elle est retournée le chercher, lui et son frère.

La famille a eu du mal à s’adapter à son nouveau pays, dont elle ne parlait pas la langue et dont elle ne comprenait pas les mœurs. C’est un ami de la famille qui, après avoir remarqué que Saico restait toujours à la maison, lui a donné un nom sénégalais, Cheikhou, et l’a inscrit dans une école locale.

Après des années au Sénégal, sa mère a dû retourner en Guinée-Bissau. Pour ne pas interrompre ses études, il a dû à nouveau se séparer de sa mère.

« J’ai dû vivre avec des inconnus, ce qui n’était pas parfait parce que c’était une grande maison familiale où il fallait savoir montrer les crocs », explique Saico.

Il a été hébergé par une famille pendant quelques années, mais a dû trouver un nouvel endroit où vivre après le décès du père de celle-ci. Cette tragédie a laissé Saico au pied du mur. Sans toit sur la tête au Sénégal, il aurait dû abandonner l’école : une vraie crainte pour sa mère.

Mais la providence est venue en aide à Saico.

Saico a vécu avec la famille de son ami jusqu’en 2000. Cette année-là, son père biologique est venu le chercher. Il ne l’avait pas vu depuis son enfance. Il a proposé à Saico de l’emmener en Espagne, où il vivait avec sa nouvelle femme.

« J’y suis resté un an, mais ça a été compliqué. Il ne me connaissait pas et je ne le connaissais pas. Nous ne nous entendions pas, alors il m’a renvoyé en Afrique. J’y suis resté six ans jusqu’à ce que je puisse revenir », explique Saico.

Cette expérience de vie avec son père a été un échec, mais il savait qu’il devait aller de l’avant. De retour au Sénégal, il a compris qu’il ne reverrait pas l’Europe. Il s’est mis au travail, vendant ses propres œuvres d’art tout en suivant les cours d’une école d’informatique.

Des années plus tard, alors que Saico gagnait déjà sa vie en réparant des ordinateurs, sa mère et son beau-père ont proposé de parrainer son visa européen. Saico a accepté la proposition. Il était jeune, débrouillard et sans aucune attache au pays suite à sa rupture avec sa petite amie.

Mais l’Afrique n’était pas prête à le laisser partir.

À son arrivée en Espagne en 2007, Saico a reçu un appel téléphonique de son ancienne petite amie, l’informant qu’il allait devenir père.

Maintenant, Saico avait un but. Il a commencé par travailler avec un groupe de Syriens dans le bâtiment, en installant des plaques de plâtre. Chaque mois, Saico envoyait de l’argent à sa fille nouveau-née, ne gardant pour lui que de quoi payer le loyer.

L’année suivante, Saico a pu faire approuver tous ses documents espagnols et a obtenu un emploi dans un grand magasin. Malheureusement, il s’est retrouvé au chômage peu de temps après.

« J’ai déménagé au Portugal, où ma mère et son mari vivaient, parce que je n’avais pas de travail et que je n’avais pas d’argent pour le loyer ou pour soutenir ma fille au pays. Mais ensuite, alors que je me préparais à trouver du travail, j’ai découvert que mes papiers espagnols n’étaient pas valables pour travailler au Portugal. Je ne voulais pas perdre plus de temps à rien faire, alors je suis retourné à l’école », explique Saico.

« Je parlais à peine portugais, mais j’allais à la bibliothèque pour essayer de déchiffrer des manuels et je demandais de l’aide sur Internet pour préparer mes tests. L’équation était la suivante : en réussissant le test, je n’aurais toujours pas de travail, mais en le ratant je ne savais pas comment j’allais trouver du travail. »

Dix jours avant son examen, Saico est revenu en Espagne. Pour continuer à subvenir aux besoins de sa fille, Saico est allé à la mairie pour demander une aide financière. Pour l’accorder, le gouvernement avait besoin de preuves montrant que Saico envoyait bien de l’argent en Afrique. Il est donc allé dans son agence Ria pour demander son historique de transferts.

« Le caissier m’a reconnu et m’a dit qu’il ne m’avait pas vu depuis un moment. Je lui ai dit que c’était parce que je n’avais pas de travail et il m’a dit que je devais lui laisser mon CV. Ils m’ont embauché une semaine plus tard après avoir confirmé que je parlais sept langues et que je m’y connaissais un peu en informatique », explique Saico.

Le meilleur dans tout ça ? Il a aussi réussi son test.

« Cinq ans plus tard, je suis retourné au Sénégal pour voir ma fille. J’étais déjà passé à autre chose côté cœur, j’étais dans une relation avec une femme que j’aimais. Mais quand j’ai vu comment ma fille vivait, seule à la maison tandis que sa mère essayait de gagner sa vie dans une autre ville, j’ai dû faire un choix », explique Saico.

« Pour moi, ce n’était pas une vie. Je ne pouvais pas supporter de voir ma fille grandir comme je l’avais fait, sans ses parents. Alors, pour briser le cycle, j’ai épousé sa mère et je les ai emmenées vivre avec moi. J’aurais pu simplement prendre ma fille, mais ce n’était pas la bonne chose à faire. De plus, même en envoyant de l’argent tous les mois, je restais loin de leur quotidien. L’autre femme s’est sentie trahie, évidemment. Mais c’est un sacrifice que j’ai dû faire pour pouvoir donner à ma fille ce que je n’ai jamais eu. »

Maintenant, la famille vit en Espagne. Mais, hasard du destin, Saico est actuellement basé à Lisbonne suite à une promotion au poste de directeur de magasin. Néanmoins, il fait des allers-retours aussi souvent qu’il le peut.

Quand on lui a demandé s’il retournerait au Sénégal, il a répondu que cela ferait certainement partie de ses projets d’avenir. Le calme du pays lui manque et il admire l’intelligence de ses compatriotes, qui travaillent toujours dur pour que la nation continue de progresser.

Saico a été la première personne à se porter volontaire pour notre projet de témoignage sur le parcours de nos clients. Volontaire et animé d’un fort esprit de service, Saico incarne non seulement la mission de Ria, mais a aussi l’étoffe d’un migrant au parcours qui force le respect.

Véritable autodidacte, Saico a relevé tous les défis qui se sont présentés à lui.

« La vie me réserve toujours des surprises, et je prends mon temps. On ne peut pas se défiler. Il faut toujours se dire qu’on peut y arriver. Autrement, on finit par perdre pied. Comme tout le monde, j’ai eu mon lot de problèmes, mais je ne me plains pas, car aujourd’hui je fais le bien autour de moi. Je pense toujours que tout arrive pour une raison et que, si on reste fort dans sa foi et qu’on ne jette jamais l’éponge, au bout du compte votre jour viendra et tout ira bien. Vous devez vous battre pour ce qui vous appartient. »

Si vous souhaitez lire d’autres histoires comme celle-ci, nous vous invitons à consulter notre série Le monde que nous partageons.

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Arthur Guzzo

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